Communiqué
L’association Prenons la Une, qui agit pour une plus juste représentation des femmes dans les médias et l’égalité au sein des rédactions, s’est penchée sur les matinales des six radios nationales les plus écoutées de France (RTL, RMC, Europe 1, France Inter, France Culture et Franceinfo*) le jour de la rentrée 2017-2018, lundi 4 septembre dernier.
Résultat : aucune femme aux manettes de la tranche 7h-9h en semaine dans les radios nationales, une majorité d’hommes tous postes confondus, deux fois plus d’hommes que de femmes à tenir une chronique régulière et une distribution “genrée” des sujets.
Pour chaque matinale, nous avons compté le nombre de journalistes femmes et identifié leurs statuts ainsi que les thèmes qu’elles couvrent. Nous avons constaté un déséquilibre persistant entre voix masculines et féminines.
Plus précisément, les journalistes s’exprimant dans ces matinales, tous rôles confondus (présentateurs, reporters, chroniqueurs), sont majoritairement des hommes. Lors de notre étude, les femmes représentaient 37,6% des journalistes à s’exprimer. Dans sa dernière publication sur le sujet, le CSA constate que par rapport à la télévision, la radio reste une mauvaise élève, les femmes ne représentant que 38% de l’ensemble des personnes à l’antenne, contre 42% pour la télévision.
Aucune femme n’est à la tête d’une matinale sur la tranche 7h-9h en semaine dans les radios nationales. Les trois femmes présentatrices que nous avons relevées – Elizabeth Martichoux, Isabelle Morini-Bosc (RTL) et Léa Salamé (France Inter) – ne présentent pas la totalité d’une tranche, les matinales de RTL et Inter étant respectivement présentées par Yves Calvi et Nicolas Demorand.
Parmi les 44 chroniqueurs réguliers, 30 étaient des hommes et 14 étaient des femmes. La majorité des journalistes femmes couvraient des sujets de société. La majorité des journalistes hommes couvraient des sujets politiques. La politique est d’ailleurs le sujet ou l’écart “de genre” est le plus grand, avec 25 hommes présentant un sujet politique contre 6 femmes. 6 hommes et 0 femme couvraient le sport.
Qu’en conclure ? Que les matinales de radio françaises restent “genrées”. Et que la répartition des postes dans la tranche radiophonique la plus écoutée est elle aussi stéréotypée. Les postes les plus exposés et prestigieux, comme l’animation de ces tranches ou les chroniques quotidiennes (associées à une dimension d’expertise et de spécialisation), restent l’apanage des journalistes hommes. Cela a aussi des conséquences sur les différences de salaires, puisque ce sont les postes les mieux rémunérés.
Prenons la Une note toutefois un progrès effectué au niveau de la présentation des journaux d’actualités et des flashs, majoritairement réalisées par des journalistes femmes. Le CSA a pour sa part relevé une augmentation de neuf points entre 2016 et 2017 pour ce qui est de la présence globale des femmes dans les matinales (44%).
Cependant, ces différences nous interpellent au regard de la féminisation des rédactions et des écoles de journalisme (en 2017, les premières demandes de carte de presse émanaient majoritairement de femmes).
Dans une enquête publiée sur Slate aujourd’hui par une des journalistes membre de Prenons la Une, des chercheurs essaient de comprendre ce phénomène. “Plus le média est ancien plus il est marqué par son identité masculine”, commente la chercheuse Marlène Coulomb-Gully, qui travaille sur les représentations du genre dans les médias. Et si une discrimination s’opérait en fonction de la voix ? “On accusait les premières femmes qui ont travaillé à la radio d’avoir des voix trop criardes ou trop aiguës, bref, de ne pas avoir des voix d’hommes (…) Je pense que c’est encore le cas. Il y a des habitudes, une culture auditive qui fait qu’il faut s’aligner sur les critères physiologiques de la voix des hommes”, ajoute-t-elle.
Nous invitons les rédactions en chef à avoir conscience de ces faits et questionnements, et à les prendre en considération dans leurs recrutements et attributions de postes.
Prenons la Une
Nos porte-paroles :
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