Prenons la Une se félicite de l’adoption de la charte anti-raciste par six médias indépendants français : les sites d’information Mediapart et NEON, les studios de podcast Nouvelles Ecoutes et Binge Audio, le magazine féministe La Déferlante et le pure-player Loopsider. L’engagement pionnier de ces rédactions témoigne d’une prise de conscience face au manque de diversité alarmant du paysage médiatique.
Des médias monochromes
Dans une tribune que nous avions publiée il y a déjà deux ans, nous avions voulu alerter sur les dérives racistes ciblant consœurs et confrères racisé.e.s, alors même que leur nombre au sein des rédactions reste très faible au regard de la diversité de la population française. Nos écrans sont toujours aussi monochromes. En 2021, les chaînes d’information en continu (BFM, LCI, France info et Cnews) n’ont montré en moyenne que 10% de personnes perçues comme “non-blanches”, selon la dernière étude de l’ARCOM.
Or les médias sont encore peu nombreux à prendre la mesure de ces chiffres. Notre mission d’information est de faire entendre toutes les voix. Si notre profession ne réagit pas rapidement, la crise de confiance à l’égard de la presse ne pourra que s’aggraver.
Nos recommandations
La charte anti-raciste, élaborée par Prenons la Une propose une série de recommandations afin d’améliorer la représentation des personnes non blanches dans le traitement de l’actualité comme au sein des rédactions:
- Ne pas considérer l’origine d’une personne comme leur seule caractéristique. L’origine d’une personne ne doit pas éclipser son nom, profession, âge…
- Varier les profils des interviewés, sans cantonner une partie de la population à certains sujets (comme le rap et le foot pour les jeunes hommes racisés par exemple).
- Veiller au respect du contradictoire pour éviter les enquêtes biaisées bâties sur des préjugés. De même, Prenons la Une rappelle l’importance d’aller interroger directement les personnes concerné.e.s par un sujet, et ne pas se contenter d’une analyse distanciée.
- Nous rappelons que le racisme n’est pas une opinion mais un délit. Les jeux de mots douteux repris en Une (“Le péril jaune”) participent à l’humiliation quotidienne des personnes concernées.
- Nous sommes convaincues qu’une information de qualité, complète et plurielle passera aussi par la diversité des recrutements – à tous les échelons décisionnels.
Amplifier le mouvement
Nous appelons donc toutes les rédactions de la presse locale, régionale et nationale à s’emparer de cette charte afin d’amplifier le mouvement. Il y a six ans, l’outil de Prenons la Une sur le traitement des violences faites aux femmes avait suscité un engouement auprès des médias français, dont une vingtaine s’était engagés à l’adopter ou à l’intégrer à leur code déontologique interne.
Il est temps aujourd’hui de réfléchir collectivement aux représentations que nos productions véhiculent. A travers toute la variété de nos supports et formats journalistiques, nous avons la possibilité, voire la responsabilité, de lutter contre les stéréotypes, le racisme, l’antisémitisme et les discriminations.
Contact presse :
Arwa Barkallah – arwa.barkallah@gmail.com
Emilie Laystary – elaystary@gmail.com