Prenons la Une soutient et encourage l’initiative #balancetonporc lancée sur les réseaux sociaux ces dernières 24 heures. La prise de parole courageuse de femmes ayant subi harcèlement ou agression sexuelle dans le cadre professionnel contribue à mettre en lumière ces violences, trop souvent tues par les médias.
D’après le Secrétariat d’État aux Droits des femmes, 8 % des agressions sexuelles et 25% des gestes déplacés sont subis sur le lieu de travail ou d’études. Des situations largement méconnues et très peu relayées médiatiquement.
Parmi ces témoignages, nombreux sont ceux qui émanent de consœurs journalistes. Nous savons que seul l’effet de masse peut rendre compte du caractère systémique que revêtent ces violences dans la société. Rappelons que les rédactions des journaux, des radios et des télévisions sont majoritairement dirigées par des hommes (les femmes ne représentent que 36% des postes de direction), et que les femmes y occupent, plus que les hommes, des postes précarisés (58% des pigistes et 12% d’écart de salaire à poste égal). Nous déplorons les agissements condamnables de certains confrères. Ceux qui ont usé de leur pouvoir pour agresser, et dans une moindre mesure, ceux qui se sont tus alors qu’ils savaient.
Les journalistes femmes sont dans une position difficile aujourd’hui. Parfois victimes de harcèlements dans leurs propres rédactions, elles se retrouvent dans une situation où elles doivent couvrir dans leur médias l’affaire Weinstein et ses suites. Elles sont à la fois victimes, témoins et messagères de ces violences.
Nous souhaitons que cette prise de parole prenne la plus grande ampleur possible. Nous souhaitons néanmoins attirer l’attention de nos consœurs que cette prise de parole n’est pas sans danger. Désigner nommément leur agresseur peu donner lieu à un retour de bâton, une accusation de diffamation. Une façon de s’en prémunir est le dépôt d’une plainte. Nous rappelons ici que le harcèlement est un délit qui peut faire l’objet d’une plainte dans un délai de 6 ans. Selon les termes de la loi du 7 août 2012, « Le harcèlement sexuel est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. Est assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers. » Nous espérons aussi que des journalistes se saisiront de certains de ces dossiers pour faire éclater au grand jour d’autres affaires Weinstein sur le sol français.
Nous avons constaté avec effroi que les réactions suscités par les tweets accompagnés de #balancetonporc ont été souvent d’une grande violence. Prenons la Une condamne fermement ce cyberharcèlement, qui n’est pas autre chose que la traduction, dans l’espace virtuel, de l’accueil qui est généralement réservé aux femmes lorsqu’elles décident de parler : remise en cause de leur parole, questionnement de leur responsabilité et menaces sur leur vie personnelle et professionnelle. Rappelons que 95% des femmes victimes de harcèlement sur leur lieu de travail finissent par perdre leur emploi.
Nos revendications : Le 25 novembre, journée de lutte contre les violences faites aux femmes, nous appelons les rédactions à se saisir de cette question.
Enfin, nous encourageons toutes les rédactions à créer, en accord avec leurs direction des ressources humaines, une structure permettant de recueillir ces témoignages en toute sécurité.
Pour nous contacter :
prenonslaune@gmail.com