COMMUNIQUÉ DE PRESSE Paris, le 28 mai 2014
Le collectif de femmes journalistes Prenons la Une adresse aujourd’hui, une lettre ouverte à la Conférence des écoles de journalisme (CEJ), et l’interpelle sur la nécessité d’offrir aux étudiants des modules de sensibilisation à l’égalité entre les femmes et les hommes et aux stéréotypes sexués.
En janvier dernier, la CEJ – qui rassemble les 14 écoles reconnues par la profession – s’est prononcée contre l’amendement (16 bis) imposant l’enseignement de l’égalité entre les femmes et les hommes dans les écoles de journalisme, introduit dans le projet de loi porté par Najat Vallaud-Belkacem. La CEJ estimait que le pouvoir législatif ne devait pas influer sur le contenu de l’enseignement d’écoles indépendantes.
Le collectif Prenons la Une plaide pour que les écoles s’emparent d’elles-mêmes de ce sujet, car nous sommes convaincues qu’il est bien de leur responsabilité d’aider les futurs journalistes à se libérer des stéréotypes sexués, pour ne plus les propager.
Les médias diffusent ces stéréotypes, qui participent à la persistance des inégalités entre les femmes et les hommes. Seulement 18 % des experts invités dans les médias sont des femmes et celles-ci y sont désignées uniquement par leur prénom cinq fois plus que les hommes. Trop souvent encore, elles sont réduites à des objets sexuels, des ménagères ou des hystériques. Quant aux violences faites aux femmes, leur traitement minimise couramment les actes, voire laisse penser que « la victime l’a bien cherché ».
La réponse de la Conférence des écoles de journalisme sera rendue publique.
CONTACTS / Porte-paroles
Claire Alet: clairealet@hotmail.com 06 07 71 05 54.
Ségolène Hanotaux: hanotauxsego@yahoo.com 06 60 90 21 33.
Le collectif Prenons la Une rassemble des femmes journalistes issues de rédactions de différents médias. En mars dernier, il a lancé un Manifeste pour une juste représentation des femmes dans les médias et l’égalité professionnelle dans les rédactions, qui a recueilli les signatures de plus de 750 femmes et hommes journalistes. Pour le lire : http://prenons-la-une.tumblr.com/lemanifeste
Prenons la Une sur Twitter (@prenonsla1) et sur Facebook (Prenons la une)
Membres de Prenons la Une : Claire Alet (Alternatives Economiques), Cécile Amar (Le Journal du dimanche), Anne-Laure Barret ( le Journal du dimanche), Carine Bécard (France Inter), Marianne Bliman (Les Échos), Claire Boubé (France 24), Lénaïg Bredoux (Mediapart), Sophie Caillat (Rue89), Carole Chatelain (Sciences et Avenir), Alice Coffin (20 Minutes), Laure Daussy (Arrêt sur Image), Ixchel Delaporte (L’Humanité), Rokhaya Diallo (éditorialiste), Nassira El Moaddem (i-Télé), Clémentine Gallot (indépendante), Hélène Guinhut (Elle), Ségolène Hanotaux (indépendante), Marie Kirschen (indépendante), Valérie Landrieu (Les Échos) , Ariane Lavrilleux (Europe 1), Léa Lejeune (ex Libération), Myriam Levain (Cheek Magazine), Rachel Mulot (Sciences et avenir), Camille Neveux (le Journal du dimanche), Valérie de Senneville (Les Échos), Julia Van Aest (LCI et BFMTV), Laure Watrin (indépendante et Les Pintades).
La lettre ouverte aux Ecoles de Journalisme (CEJ- Hervé Demailly)
Objet : sensibilisation à l’égalité femmes-hommes
Monsieur,
En janvier dernier, la Conférence des Ecoles de Journalisme s’est prononcée contre l’amendement concernant l’enseignement de l’égalité entre les femmes et les hommes dans les écoles de journalisme, introduit dans le projet de loi porté par Najat Vallaud-Belkacem. Vous estimiez que le pouvoir législatif ne devait pas influer sur l’enseignement d’écoles indépendantes. L’article 16 bis a depuis été supprimé par le Sénat.
Certes, les député(-e)s n’ont pas à imposer le contenu de votre enseignement. Mais ne serait-ce pas aux Ecoles elles-mêmes de s’emparer de cette question ?
Vous ne pouvez ignorer que les médias diffusent des stéréotypes sexués, qui participent à la persistance des inégalités entre les femmes et les hommes. Seulement 18 % des experts invités dans les médias sont des femmes… et celles-ci y sont désignées uniquement par leur prénom cinq fois plus que les hommes. Trop souvent encore, elles sont réduites à des objets sexuels, des ménagères ou des hystériques. Quant aux violences faites aux femmes, leur traitement minimise couramment les actes, voire laisse penser que « la victime l’a bien cherché ».
Vos écoles forment les journalistes, les directeurs et directrices de rédaction de demain. Il est de votre responsabilité que ces futurs journalistes ne soient plus formatés par ces stéréotypes et cessent – enfin – de les propager.
Sachez que l’Observatoire de la Déontologie et de l’Information, a d’ores et déjà intégré les stéréotypes dans ses critères. Nous travaillons en collaboration avec eux pour sensibiliser les médias à ce sujet.
Nous, membres du collectif “Prenons la Une” vous demandons aujourd’hui : Quand et comment la Conférence des Ecoles de Journalisme va t-elle se saisir de la question de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les stéréotypes sexués ?
Nous attendons un retour écrit de votre part, pour nous faire part de vos réflexions et initiatives en la matière. Nous communiquerons sur cette lettre et votre réponse.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.
Le collectif “Prenons la Une”